5 bonnes raisons de soutenir la non mixité

Quand j’ai su que la Nuit debout organisait des réunions féministes non mixtes, ma première réaction c’était « Wah, c’est courageux de faire un groupe non mixte au milieu de la place, et je sais pas si c’est très stratégique ».
J’ai assisté à plusieurs de ces réunions et à chaque fois, des hommes essayaient de s’imposer et de prendre des photos.
Beaucoup étaient outrés qu’il existe un endroit où ils n’avaient pas leur place.
J’ai assisté à des scènes surréalistes. Avant hier, j‘ai vu 3 hommes vociférer sur une dame de 60 ans qui tentait de leur expliquer pourquoi nous étions en non mixité.
Hier, une femme m’a raconté que pendant les réunions mixtes, des hommes venaient critiquer la non mixité avec beaucoup d’agressivité puis quittaient la réunion une fois leur colère déversée sur le groupe.

Il me paraît assez clair que ces personnes ne sont pas révoltées par le sexisme mais uniquement par le fait de ne pas être acceptés quelque part.

Ces comportements rendent évident le fait que les réunions en non mixité sont un message politique fort de la part des femmes sur la place.
Par ailleurs, de nombreuses agressions, humiliations, mises à l’écart dans les tours de parole ont été remontées par les femmes du groupe. Mises à l’écart cautionnées par les figures les plus populaires du mouvement Nuit debout. Il y a VRAIMENT un problème de sexisme dans le mouvement et s’il est temps que nous, femmes, réagissions, il serait aussi temps que les hommes prennent le sujet en main.

Bref, en attendant, je vous ai concocté 5 bonnes raisons de soutenir la non mixité 🙂

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22 réflexions sur “5 bonnes raisons de soutenir la non mixité

  1. Salut salut ! Ta BD est super chouette et résume assez bien la nécessité de se réunir en non-mixité. On fait un festival féministe ce we avec des copines (tu peux regarder sur Facebook, ça s’appelle « Paye ta visseuse ») et la plupart du we est en non-mixité. On voulait donc faire un petit coin avec des textes, images, BD etc… sur la non mixité. Est-ce que ça te dérangerait si on imprime ta BD et qu’on l’affiche ? Ce serait top si ça t’allait. Et of course, tu es la bienvenue à ce festival !

    Guillemette

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  2. Bonsoir,
    Je viens de lire tout le blog qui m’a fait rire, m’a ému et m’a agacé alternativement, voire en même temps.

    J’aurais pu réagir à plusieurs des publications, mais c’est celle-ci qui m’a le plus « dérangé ».
    Ma première réaction (précision je suis un homme, c’est comme ça, j’ai pas choisi) a été :
    « GRRRR, c’est quoi cette manière de se mettre à part. C’est quoi ces reproches sur les hommes façon « tous des phalocrates obtus qui ne laissent pas les femmes parler tranquilles », elle se prend pour qui ? Je ne suis pas comme ça ! Marre qu’on vienne me reprocher d’être un homme ».
    En gros, le petit bonhomme blondinet avec le T-shirt orange du début de la BD.

    Et puis, comme mon papa et ma maman, qui bien qu’ayant eu un seul enfant, un garçon, m’ont inculqué que fille et garçon c’était la même chose question droits et devoirs, que seul le mérite compte (j’ai dit le mérite, pas la compétition), que considérer une moitié de l’espèce humaine (pas la seconde moitié, ce serait considérer que la première vaut plus que la seconde) comme moins forte, moins bonne, moins capable enfin « MOINS » tout court était une ineptie, je me suis mis à réfléchir.
    L’exercice est toujours dur à mener s’il veut être honnête. Un peu comme décider d’une randonnée en montagne. C’est dur, ça fait mal, mais qu’est-ce que c’est beau quand on y est arrivé.

    Et je suis au regret de vous le dire, ça m’a donné envie de pleurer de rage et de honte, de colère et de rancoeur. Oui, pleurer parce que si je ne suis pas comme ça, je comprends que malheureusement c’est nécessaire et malgré tout je persiste à refuser que ça le soit.
    Faire quelque chose sans l’autre moitié de l’humanité, c’est une double défaite : pour celle qui oblige à le faire (la mienne malheureusement) et pour celle qui est contrainte à le faire pour se protéger et se libérer.
    Comme je l’ai écrit il y a quelque temps dans un commentaire à propos des agressions sexuelles, même simplement verbales, éduquons nos enfants. Apprenons leur à contrôler leurs pulsions et leurs envies, et surtout donnons leurs de nouveaux codes sociaux.
    Quand les filles et les garçons ne verront comme seule différence entre eux que les questions physiologiques liées à la reproduction de notre espèce, ces seules différences qui sont insurmontables mais qui n’affectent pas l’utilité et l’intérêt des personnes, alors nous seront devenus civilisés.

    D’ici là, je continuerai de pleurer de temps en temps, en pensant que ma fille pourrait avoir peur de prendre la parole parce qu’il y a dans l’assistance un (ou plusieurs) petit coq qui lui fait peur. J’espère juste lui apprendre à ne jamais capituler face aux hommes et à être juste assez forte pour être elle-même. Est-ce que j’y arriverai ?

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  3. Salut,
    notre ennemi à nous, femmes et hommes qui souhaitons nous libérer est le patriarcat, malheureusement soutenu par nombre d’hommes et… de femmes. Les groupes non-mixtes sont un moyen, comme un autre de travailler à cette libération. Mais beaucoup d’hommes sont nos compagnons de route.
    Nineu

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  4. « Il me paraît assez clair que ces personnes ne sont pas révoltées par le sexisme mais uniquement par le fait de ne pas être acceptés quelque part. »
    -> le fait de ne pas être accepté-e quelque part en raison de son sexe est justement l’application d’une logique sexiste constitutive d’une discrimination… C’est totalement désastreux !

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    1. Salut ! Ce qui est important de comprendre, c’est que le sexisme, comme le racisme, est un système de domination. C’est-à-dire que tout un système est en place pour donner du pouvoir à une partie de la population au détriment d’une autre. Et c’est cette dimension systémique qui en fait un problème : car elle porte atteinte à la sécurité (risques de viol, agressions, pauvreté) et à la dignité de la population dominée.
      Si dans un bar pendant une heure une fois par semaine, l’entrée est réservée aux roux, ce n’est pas discriminant envers les non roux : leur vie n’est pas en danger, ils peuvent aller dans tous les autres bars de la ville, et ils peuvent même se rendre dans ce bar en dehors du créneau.

      Si on combat les discriminations, c’est parce qu’elles portent atteinte de manière grave et durable à nos vies et à notre dignité. Une réunion non mixte, limitée dans l’espace et dans le temps, n’est donc pas une discrimination.

      D’autre part. Ces réunions ne sont que le résultat d’un système de domination déjà en place : elles sont un moyen d’émancipation : retrouver une sororité, apprendre à s’émanciper du regard et du leadership masculin. Ne pas confondre la fin et les moyens !

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  5. J’adorre, merci du billet, je suis pour les groupes de filles, les groupes de garçons et les groupes mixte a chacun de touver ce qui lui va le mieux 🙂
    Guillaume

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  6. Merci infiniment Emma ! Ta bd est un super outil pour faire réfléchir sur la non-mixité.
    Parce que juste avec mes mots, je n’arrive pas à faire passer l’idée. Quand je parle de non-mixité, j’ai l’impression de parler de satan, c’est forcément mal, pas de discussion possible, impossible qu’il puisse exister une vraie bonne raison à ça … ou simplement un vrai besoin.

    Ta petite bd est rigolote, juste et touchante, elle a ce qu’il faut d’émotion pour faire tomber la colère et permettre enfin LE débat, en dehors de tout sentiment aveugle d’exclusion et d’égocentrisme.

    En Asie, quand les temples sont interdits aux femmes, ça ne dérange personne, surtout ça ne choque pas les hommes. Pour ma part, lire sur un panneau « women forbidden », c’est hyper violent du coup je craque : un fuck devant bouddha et je fais demi-tour (ce n’est pas de la provocation mais de la colère, de la tristesse, un sentiment d’impuissance et de profonde injustice), je passe pour la féministe de base qui ne sait pas s’adapter à la culture.
    Dans le même temps, en France, quand un homme apprend qu’il y a un mini espace de femmes où il n’a pas le droit de mettre les pieds, ouhla on atteint à son impunité de mâle dominant qui n’a pas l’habitude qu’on lui refuse quoique ce soit.
    Donc, d’un côté, des femmes qui veulent se retrouver entre femmes parce qu’elles se sentent discriminées, ça fait scandale ; d’un autre, des hommes qui interdisent les femmes au temple sous prétexte qu’elles ont leurs règles une fois par mois, c’est normal, voire ça fait rire.

    Je perds patience à expliquer mille fois les choses et je m’emporte devant tant d’incompréhension, de colère et de dérision contre les féministes.
    Alors un grand merci pour ta Bd, ça va me faire économiser un max, ça coute cher en apéros, un débat sur la non-mixité.

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  7. Bonjour,
    billet intéressant, point de vue intéressant à chaque fois que je vous lis. Cependant je ne partage pas cet avis. Pour moi exclure les hommes est un échec. Je comprends l’idée du moyen, j’en comprends la nécessité pour certaines femmes. Mais c’est un moyen qui m’attriste beaucoup personnellement.
    Pour moi il y a aussi un danger que certaines femmes même si c’est une grande minorité ne se libèrent jamais du regard et du jugement masculin et que le moyen leur suffise comme d’expression et qu’au final elles préfèrent rester dans une sorte de communautarisme féminin.
    Je comprends mais je n’adhère pas

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  8. Bonjour,

    Aucun souci en ce qui me concerne avec les réunions non mixtes (bien que de sexe masculin), je partage toutes les raisons que vous évoquez. Ce qui me dérange, c’est qu’elles aient eu lieu sur l’espace public, qui par définition appartient à tout le monde. Aucun groupe ne peut par principe refuser à quiconque l’utilisation de cet espace, puisque celui-ci est public. Je trouve donc dangeureux de laisser faire cela, cela pourrait donner des idées à d’autres pour des raisons beaucoup moins progressistes. On pourrait rétorquer que les hommes occupent parfois l’espace public en l’interdisant aux femmes, dans certains coins de France. Ceci est évidemment un scandale . Mais rajouter un scandale inverse sur un scandale ne rend pas la société plus juste.

    Je n’ai aucun problème par contre à ce que la mairie, par le biais des maisons des associations, puissent accorder des salles de réunions pour ce type.

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  9. Je comprend mieux, grâce à toi, l’importance de ces groupes non mixtes. Instauré la mixité partout comme une sorte d’égalité obligatoire n’est peut-être pas idéal.

    Cela me fait penser aussi à ces piscines qui essaient d’instaurer des heures réservées aux femmes.

    Je pense qu’il est important pour une femme d’avoir la possibilité, si elle le veut, de ne pas être au milieu d’hommes. L’égalité des droits c’est aussi avoir la possibilité d’être libre de refuser la mixité. En tout cas c’est mon avis.

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  10. Tellement difficile de faire comprendre le choix de la non-mixité aux hommes, ça fait des années que je galère. En même temps on a beau être pédagogues, y’a aussi beaucoup de mauvaise volonté.
    J’ai également connu la non-mixité dans un lieu d’habitation, ça a aussi été très utile de vivre quelque part sans hommes, pouvoir me ressourcer, prendre confiance en moi, moi trouver en tant que femme. C’est à ce moment que j’ai commencé à prendre confiance en moi et mes idées, et à partir de là que j’ai commencé à prendre la paroles lors de réunion politiques.
    Et oui, la non-mixité me semble nécessaire, pas comme une fin, mais comme un moyen pour nous, femmes, d’évoluer, de renouer avec qui nous sommes, d’apprendre à s’affirmer, de se faire confiance et de pouvoir affronter le monde avec plus de confiance en nous.
    Merci pour ce post!

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  11. Bonjour,
    Pour information, il existe aussi des réunions masculines non-mixtes, pour parler des émotions par exemple, qui sont un sujet plus difficile à aborder pour les hommes (en général) et d’autant plus difficile que des femmes sont présentes.

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